martedì 7 settembre 2010

La malfaisance de Suez et Veolia

Chère amie, cher ami,

tu trouveras, ci-après, un Appel pour mobiliser tes proches et les convaincre d'assister à la "première" du film Water makes money.

"De proche en proche", c'est cette sollicitude commune qui permettra à ce documentaire courageux de connaître le succès qu'il mérite.

Bien à toi.

Jean Flinker

__________

Le jeudi 23 septembre, 21 heures 30,

au cinéma Arenberg

ATTAC-Bruxelles présente

en «première mondiale»

«WATER MAKES MONEY»

de Leslie FRANKE et Herdolor LORENZ

La malfaisance de Suez et Veolia

enfin dénoncée dans un reportage sensationnel.

Un réquisitoire impeccable, juste et justifié

que les deux multinationales

–leaders sur le marché de l’eau–

ont l’intention de censurer par tous les moyens…

ê

Dès 20 heures 30,

LE GRAND DÉBAT:

Privatisation, hausse des prix, mainmise sur l’eau…

« UN MONDE POTABLE ? »

avec, notamment,

Mathieu SONCK

Secrétaire général d’Inter-Environnement Bruxelles,

et Gabriella ZANZANAINI,

chargée des affaires européennes à Food&Water Europe

__________________

EAU SECOURS… !

Miriam Guiuo, activiste philippine : «Avec l’arrivée de Suez à Manille, le prix de l’eau a augmenté de 500%...».

«A Alto Lima, le plus vieux quartier de la capitale, la distribution de l’eau est gérée par le consortium français, sous le nom d’"Aquas del Illimani". La compagnie a été condamnée pour avoir coupé, pendant plusieurs semaines, l’approvisionnement des administrations municipales –dont la totalité des écoles de la ville. Mais en général, les coupures d’eau se font dans l’impunité totale : ainsi, les deuxième et troisième secteurs d’Alto Lima n’ont pas été desservis pendant plusieurs mois, témoigne le Bolivien Abel Mamani. À El Alto, la multinationale n’a pas construit assez d’égouts pour évacuer les eaux usées. Tout est rejeté dans la rivière traversant la cité. Ça n’arrête pas de puer. C’est plein de sang et d’immondices mêlés. C’est là que les gosses viennent boire, après avoir joué».

Vandana Shiva, la militante écolo : «Chez moi en Inde, les paysans en ont assez. Ils ont monté leurs propres tribunaux pour notifier aux "hydropirates" l’ordre de quitter le pays. Dans les grands centres urbains, un véritable mouvement de désobéissance civile dénonce les privatisations encouragées par la Banque Mondiale et la cession du Gange aux entreprises privées. À Delhi, depuis que le retraitement des eaux a été confié en 2002 à Degrémont, la filiale de Suez, les prix ont été multipliés par dix»

Citer et réciter les faits bruts, dans leur brutalité ordinaire, est-ce suffisamment révoltant que pour vous rendre révolté ? Manifestement, non. Alors pourquoi ne pas les filmer et les inciter à être encore plus vrais, plus indéniables, plus indécents ? Après trois années à parcourir le monde, la réalisatrice franco-américaine Irena Salina était parvenue à relever le défi –ramenant de son périple internationaliste un reportage incontestable. Etayé, implacable et accablant, Arte accepte aussitôt de le diffuser : «For Love of Water» («FLOW») passe en novembre 2008 sur la chaîne franco-allemande. Mis en cause par huit fois dans ce reportage trop juste, trop exemplaire, Suez dépose immédiatement plainte en diffamation contre Arte et fait comprendre à Irena Salina que toute nouvelle diffusion (où que ce soit, dans quelque circonstance que ce soit) sera suivie de la même réplique judiciaire, à savoir : 50.000 euros de dommages et intérêts, réclamés pour chaque projection, au titre d’atteintes et offenses graves à l’honneur et à la réputation de la firme. Conséquences : depuis l’unique diffusion de «For Love of Water» il y a deux ans, le film est l’objet d’une procédure de contrainte et de censure caractérisée, dont le dénouement éventuel devrait être connu ce… 29 septembre devant le Tribunal de grande instance de Paris.

Question. Comment dénoncer les actes de corruption successifs et les pactes de soumission toujours plus excessifs, perpétrés et entretenus par les deux groupes leaders en matière de gestion de l’eau? Oui, comment s’opposer à Suez et Veolia ? Fin 2008, dès l’annonce du procès intenté par Suez Environnement contre «FLOW», deux réalisateurs allemands, Leslie Franke et Herdolor Lorenz (secondés par celui qui fut le numéro 2 de la CGT-Veolia, Jean-Luc Touly), décident de récidiver –mais en frappant mieux, plus haut et plus fort qu’Irena Salina.

Ce sera «Water makes Money»…

UN FILM QUI FAIT PEUR… Pas besoin d’un dessin. Pour financer cette nouvelle enquête à charge, Franke et Lorenz n’ont trouvé aucun sponsor institutionnel prêt à mettre de l’argent dans un film qui «fait peur», sans parler des diffuseurs privés qui se sont tous dérobés… Seul ressort possible : l’appel aux gens d’en bas, à l’engagement et à la solidarité citoyenne. Cent quinze mille euros ? En moins d’un an, le montant de la souscription est largement dépassé. Et la liste d’associations –d’accord de parrainer, donc de légitimer, la démarche des démarcheurs– est aussi vite comble que comblée.

Il faut dire que les raisons d’être motivés ne manquent pas. Les exemples courroucés non plus. À commencer par la France dont la gestion de l’eau est devenue un modèle de trafics et de traficages: dans les agglomérations urbaines de l’Hexagone, neuf ménages sur dix doivent acheter leur eau aux deux grands fournisseurs privés, lesquels constituent un véritable duopole. Cette position dominante facilite les abus les plus divers, notamment pour Veolia qui, dans de nombreuses villes, ne contrôle pas seulement l´eau mais presque tous les secteurs du service public, l´électricité, le gaz, le traitement des ordures, le chauffage urbain, le nettoyage municipal, les transports en commun de proximité, les cantines, les services sanitaires. C'est ainsi que bon nombre de municipalités courent le risque de «se faire avoir». Et se sont fait avoir.

Cas le plus emblématique : les droits d’entrée, une somme conséquente versée à toute collectivité locale pour y décrocher la gestion de l’eau. En 2003, l'association Eau Secours 31 a ainsi découvert la véritable nature du «ticket d'entrée», payé par Veolia lors de la signature du contrat avec Toulouse : 473 millions de francs que Dominique Baudis, le maire de l'époque, présentait comme une véritable prouesse dans le deal «imposé» par lui à la multinationale. Avec cette somme, la ville n’allait-elle pas boucher les trous de son budget, subventionner la construction de bâtiments publics et baisser les impôts locaux ? Or un passage, resté secret, du contrat de cession prévoyait au contraire une augmentation du prix de l'eau –à payer par le public pour financer le fameux droit d'entrée prétendument privé. Résultat : ce n'est pas Veolia mais bel et bien l'usager toulousain qui paie. «De sorte qu’au final, Veolia a versé 473 millions à la ville mais se fera rembourser d'ici à la fin 2020, date d'échéance du contrat, 1,47 milliard de francs. Les Toulousains auront donc déboursé un milliard de plus»… Bien entendu, la concurrence procède de la même manière. A Castres (dans le Tarn), ville de 56.000 habitants, l’action d’un comité d’usagers a conduit le maire UMP à se séparer de la Lyonnaise des eaux (aujourd’hui dénommée «Suez-Ondeo»). «Tout a commencé en 1992, avec une augmentation de 60 % de notre facture, explique le président du comité. Nous avons donc décidé d’en savoir un peu plus...». Et de découvrir qu’en 1990 la Lyonnaise des eaux et la ville avaient signé un contrat trentenaire, en contrepartie duquel l’entreprise a dû acquitter un «droit d’entrée» de 96 millions de francs. Officiellement baptisé «Contribution spéciale au titre du droit d’utilisation des réseaux concédés», «ce cadeau » était, est et sera en réalité discrètement remboursé à la Lyonnaise (sur la facture d’eau des usagers) à un taux de 8,76 % –ce qui, à l’issue des trente ans, va lui permettre de récupérer trois fois sa mise initiale…

Jugement expéditif, réitéré chaque année –après investigations exhaustives– par l’UFC-Que Choisir ? (la célèbre association de défense des consommateurs): «Les prix pratiqués dans les grandes entités urbaines sont parfaitement abusifs. Les taux de marge nette sur chiffres d’affaires, pour les deux opérateurs, oscillent entre 26 et 42%. Ils atteignent même 59% en Ile-de-France. Ce n’est plus possible. Désormais, il s’agit d’envisager sérieusement l’opportunité d’un retour en régie publique».

CORRUPTION. C’est peu de le dire: le système des «droits d´entrée» est de plus en plus mal vu. Mais l’ingénierie financière permet de contourner habilement les interdits en tous genres. Une discipline que Veolia maîtrise parfaitement dans ses transactions internationales. En 2005, la multinationale a donc «acheté» le système d´assainissement de la ville de Braunschweig-Allemagne. Sans dépenser un cent en fonds propres puisque, ici aussi, le prix d´achat sera entièrement payé par les redevances des générations futures (redevances augmentées des intérêts et des intérêts composés) –et cela indépendamment du fait que Veolia fournisse des prestations, se retire ou fasse faillite. Idem à Berlin où le partenaire privé s’est assuré «de façon durable» contre tout contrôle public et parlementaire. Même les députés n´ont pas la possibilité juridique de faire valoir un droit de regard. A Berlin, c’est l´ancienne députée Gerlinde Schermer qui a découvert le pot aux roses et le bouquet de faveurs à l’adresse du secteur privé. Le contrat secret garantit, en effet, à Veolia un gain de 8%, plus une augmentation pérenne : le Sénat de Berlin s´engage à payer les dédommagements si ces bénéfices ne sont pas atteints. En 2004, la ville a dû, de ce fait, renoncer à 41,2 millions d'euros. La même année, le prix de l´eau a été rehaussé de 15%, tout comme les trois années suivantes. En 2003, le Conseil Constitutionnel du Land déclara certes l´illégalité de cette garantie de gains, mais une clause du contrat prévoit que le Sénat berlinois doit des dédommagements même en cas de jugements défavorables. Les exigences des multinationales sont, en conséquence, intégralement garanties –indépendamment du droit, de la loi et des décisions démocratiques.

Cela va de soi. Suez et Veolia traitent de la même façon, vulgaire, des centaines d´entreprises à travers tout le continent (à Berlin comme à Klagenfurt, Budapest, Odessa, Tbilissi ou Erivan…). Pour ces rentes de confort contractualisé, les deux grandes multinationales de l’eau ont toujours reçu l’appui sans réserve des instances européennes. Car, dans ce domaine vital, «il y a, selon la Commission, véritablement concurrence libre et non faussée»… Cette empathie a évidemment une explication. Veolia participe activement aux programmes de recherche subventionnés par l´Union européenne. La multinationale joue un rôle-clé dans «la Plate-forme technologique pour l´eau et l´assainissement»: celle-ci est directement établie près la Commission européenne et, dans son comité de dix membres, siègent trois représentants de la firme. N’empêche, par souci de discrétion, la multinationale préfère exercer sa politique de racolage dans les coulisses et appliquer ses talents de lobbying à travers l’influence efficace d’au moins 50 organisations. Suez n’est d’ailleurs pas en reste. Son PDG, Yves Thibault de Silguy, est un ancien Commissaire européen.

Plus performant encore : the World Water Council. Collaboration planétaire d'ONG, de gouvernements et d'organisations internationales pour soi-disant résoudre les problèmes globalement…, le Conseil Mondial de l’Eau (créé officiellement pour arbitrer entre les intérêts contradictoires des États, des entreprises et des citoyens) est ouvertement dirigé par Veolia et Suez…

LES VILLES SE RÉVOLTENT. A Milwaukee-Wisconsin, c’était systématique. Pour cause de non entretien des canalisations, des milliards de litres d’eau usée (provenant notamment des WC) se déversaient dans le lac Michigan. En 2008, le district métropolitain a donc décidé de rompre avec Suez: 20 avis de non-conformité confirmaient que les clauses contractuelles n’avaient jamais été respectées par la si célèbre firme. Implantée aux USA, principalement à travers la société United Water, Suez Environnement est désormais en train d’y essuyer échec sur échec. Ainsi, le contrat-phare de Suez (la plus importante privatisation de l’eau dans l’histoire des Etats-Unis) signé avec la ville d’Atlanta en Géorgie : il a été prématurément cassé avec 16 ans d’avance, après que la municipalité ait découvert d’innombrables problèmes, dont des retards de maintenance chroniques. Une saga de mauvaises prestations? En 2009, le Bureau du Contrôleur de l’Etat du New Jersey a publié un audit cinglant sur les pratiques de la société à Camden. Le rapport conclut à une supervision insuffisante du contrat –la mauvaise performance de United Water ayant coûté des millions de dollars à la ville et potentiellement mis en péril la santé de ses résidents. Toujours l’année passée, Suez a perdu son business avec la ville de Gloucester (Massachusetts) suite à la violation des normes de qualité: la contamination bactérienne y a contraint habitants et entreprises à bouillir leur eau potable vingt jours de suite.

Résiliations à la chaîne : à Gary (Indiana), North Brunswick (New Jersey), Houston et Laredo (Texas), ou Fairfield (Californie), dans chacune de ces entités, les autorités (poussées par les associations de défense des usagers) sont repassées à la municipalisation de la gestion de l’eau. Meilleure et moins cher.

Dans de nombreux autres pays, la prise de conscience populaire est d’ailleurs pareille et les usagers décidés à ne plus se laisser faire. À la demande du gouvernement de Johannesburg, Suez s’est hystériquement impliquée dans la mise en place d’une tarification à Soweto… Problème : la transnationale doit faire face à une forte mobilisation d’une partie des habitants qui refusent de payer pour l’accès à l’eau, accès que les autorités sud-africaines ont érigé en droit constitutionnel. Autres triomphes prémonitoires : en Uruguay et… aux Pays-Bas, la privatisation de l’or bleu est dorénavant interdite par la loi.

Quant à la France, les batailles pour l’eau publique y sont devenues «une utopie» réalisable à très court terme. Bordeaux, Lyon, Toulouse, Paris : ici aussi, la défense du bien commun, la revalorisation du service public et le développement soutenable des territoires sont au cœur de combats éclatés qui enregistrent –dès à présent– des victoires éclatantes.

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Jean FLINKER

Cinéma ARENBERG

(26 Galerie de la Reine)

WATER MAKES MONEY

France-Allemagne 2010 / Durée 82 minutes

Prix d’entrée

6,6 euros y compris pour le débat

(sauf les Article 27)

ATTAC-Bruxelles 1

16 avenue Nouvelle, 1040 Bruxelles

mail : bxl 1@attac.be http://bxl.attac.be tél : 0494 / 808 854

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