La finance islamique a le vent en poupe

La finance islamique a le vent en poupe

Par Nina Levy-Strauss pour Guysen International News

Mercredi 29 avril 2009 à 06:36

La première banque liée au Hamas a été inaugurée dans la bande de Gaza. Un événement qui revêt une importance économique et politique. Pour le Hamas il s’agit en effet de s’assurer une indépendance financière vis à vis de Ramallah. Et si son existence a déjà été dénoncée par l'Autorité palestinienne, elle confirme, néanmoins, l'essor mondial de la finance islamique, qui respecte les préceptes du Coran.

L’établissement, dotée d'un capital initial de 20 millions de dollars hébergera dans un premier temps les comptes de quelque 6.000 fonctionnaires de l’administration du Hamas à Gaza, qui pourront retirer des sommes en liquide à partir du 1er mai, après le versement de leur salaire d’avril par le gouvernement islamiste. Une indépendance financière suscitée par l’afflux de capitaux qataris ou iraniens, mal vue par Ramallah.La banque, qui fonctionnera selon les préceptes de la finance islamique (qui interdisent notamment de percevoir des intérêts, une pratique assimilée à l'usure), occupe un immeuble de quatre étages dans le centre de Gaza. Son directeur Alaa Al-Rafati, est lui-même membre du Hamas. Elle se définit officiellement comme «une entreprise privée à but lucratif qui n'est pas associée au Hamas ou au gouvernement de Gaza » pourtant personne ne doute vraiment de l’emprise du mouvement terroriste islamiste sur la nouvelle institution. D’ailleurs l'Autorité monétaire palestinienne, qui joue le rôle de banque centrale auprès de l'Autorité palestinienne présidée par Mahmoud Abbas, a refusé d'octroyer une licence à la nouvelle banque et a appelé à son boycottage. Prés de 1000 milliards de dollars sont aujourd’hui gérés par les banques islamiques dans le monde, un essor régulier soutenu par les revenus des pays du golfe Persique et d'Asie du Sud-Est, ainsi que les rapatriements de fonds moyen-orientaux après les attentats du 11 septembre 2001 et la montée de la conscience religieuse dans plusieurs pays musulmans. Alors que 25% de la population mondiale est de confession musulmane, certains estiment que 50% de leur épargne sera gérée par la finance islamique d'ici 8 à 10 ans, contre 10 % en 2007. Une tendance clairement confirmée par la récente initiative du groupe Al Baraka, basé au Bahreïn. Dans un communiqué au Nasdaq de Dubaï, ce dernier annonce en effet la prochaine disponibilité des produits financiers islamiques en France. « Le groupe Al Baraka souhaite s’élargir en France, afin d’offrir ses services aux 5 Millions de Musulmans du pays. Le continent européen représente un élément clé pour le développement du secteur financier islamique ». Aucun accord n’a encore abouti à l’heure actuelle, bien que Paris Europlace ( un organisme qui promeut Paris comme place financière incontournable) ait évoqué le souhait d’ouvrir sa première banque islamique pour fin juin. 40 millions d’euros auraient d’ores et déjà été placés en capital par des investisseurs du Qatar et de Bahreïn, et la législation française serait en train de s’atteler aux modifications légales nécessaires pour autoriser les pratiques financières autorisées par la loi islamique.