mercoledì 23 febbraio 2011

Vive l'échelle mobile des salaires!

Vive l'échelle mobile des salaires!

Bernard Maris, Vendredi 4 Février 2011 21:48

Et si l’inflation revenait ?
L’inflation, c’est comme le pal… Au début c’est bon, mais...
Qui a intérêt à ce que l’inflation ne revienne jamais ? Les détenteurs de capitaux. Tous les économistes libéraux (tous les économistes autrement dit) sont farouchement opposés à l’inflation. La premlière chose que fit Barre, le meilleur économiste de France et des environs en arrivant au gouvernement, fut de s’attaquer à l’inflation. Trichet n’existe que pour lutter contre l’inflation et préserver la valeur de la monnaie. Récemment encore il estimait que 2% était le maximum « tolérable » (sic) en termes de hausse des prix... Curieux cet attachement forcené des adeptes du marché libre à la fixité des prix... Barre lutta contre l’inflation en faisant passer les taux d’intérêt servis par l’Etat sur les emprunts au dessus du taux d’inflation. Ainsi les épargnants étaient à nouveau récompensés et les emprunteurs pénalisés. Jusqu’alors c’était les épargnants qui étaient pénalisées et les emprunteurs favorisés. Depuis que les emprunts d’Etat ne sont plus offerts directement par l’Etat aux citoyens mais passent par des intermédiaires bancaires, qui se servent grassement au passage, les taux d’intérêts ont toujours été au dessus du taux d’inflation : les emprunteurs sont pénalisés, les rentiers favorisés.
L’inflation ruine les rentiers et favorise les emprunteurs. C’est ainsi que des générations purent accéder à la propriété pendant les Trente glorieuses : les emprunts souscrits ne valaient plus rien au bout d’une dizaine d’années. Aujourd’hui, personne sauf à être très riche ou se saigner toute une vie ne peut accéder à la propriété. D’autant que le capital immobilier prend de la valeur : mais ça n’est pas considéré comme de l’inflation par les Trichet et les autres. Ca c’est bien. C’est comme la hausse de la Bourse : ce n’est pas de l’inflation, mais de la bonne affaire pour les capitalistes (et pourtant, comme la hausse immobilière, c’est de l’inflation : les actifs sont plus chers et il est plus difficile de les acquérir).
L’inflation favorise les emprunteurs (les entrepreneurs et les ménages qui veulent se constituer un patrimoine immobilier) mais elle réduit le pouvoir d’achat des ménages. Donc c’est mauvais. En ce moment, l’inflation est inférieure à 2% en France, mais c’est un trompe l’œil ; la hausse des prix est faible parce que le prix des biens dits de luxe (l’électoménager, les portables, les abonnements internet, les écrans plats... ) diminue. Mais le prix des biens de base (pates, pain, biens alimentaires, essence, énergie...) augmente. De sorte que le pouvoir d’achat des plus pauvres (ceux qui ont une grosse part de leur budget dans l’agroalimentaire) diminue.
Voila donc le nœud du problème : l’inflation défavorise les rentiers, mais défavorise également les salariés ! Que faire ?
La réponse est évidente : indexer les salaires sur l’inflation. Faire en sorte que les salaires suivent les prix, de sorte que le salaire réel, lui, le pouvoir d’achat ne bouge pas, voire augmente. C’est ce qui se passe en période de plein emploi : les salariés ont une capacité de négociation qui leur permet d’aligner leurs salaires sur les prix ou mieux. C’est pourquoi a contrario les rentiers sont pour le chômage, et même pour un fort chômage, qui casse la dynamique des salaires et tue l’inflation (les entreprises ne répercutent plus les hausses de salaires sur les prix).
Il faut revenir à la période pré-Mauroy, de l’échelle mobile des salaires. Mais alors, dira-t-on, vous allez tuer la compétitivité ! Réponse : la compétitivité qui est fondée sur la diminution du pouvoir d’achat des salariés et sur le chômage n’est pas de la compétitivité, mais, au contraire, la ruine à terme d’une économie. La compétitivité c’est la productivité du travail, le travail payé à sa productivité, et la qualité du travail et des produits. La compétitivité fondée sur le chômage et la diminution de la masse des salaires est une fausse compétitivité.
Oui, mais la Chine... C’est vrai. Les salariés qui achètent massivement en Chine accroissent leur pouvoir d’achat et tue en même temps leur capacité de production. Solution ? Aller là où les Chinois ne sont pas encore ; la production de services de santé par exemple. La morale de l’histoire c’est que la pression sur les salaires n’améliore pas la compétitivité, au contraire.



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Au nom de la compétitivité

Vendredi 4 Février 2011 21:46

Au nom de la compétitivité
Ceux qui ne font pas la guerre vont vous la faire faire, préparez-vous.
Anecdote : un coach sportif arrive en Afrique noire. Il va faire des gamins d’une école des « gagneurs ». Et c’est parti pour le cent mètres ! Les dix petits ? Prêts ? partez ! Et ô surprise, tous les gosses arrivent en riant et en se tenant par la main. Ils n’avaient rien compris à la « concurrence » ni à la « compétition », ni au « dépassement », ni à « la lutte de tous contre tous », sans doute n’étaient-ils pas programmés pour ça, mais plutôt pour le jeu collectif, altruiste, tout aussi marrant que celui de la compétition. Le lendemain ils firent rôtir le coach et le bouffèrent (fin inventée, début authentique).
En ce moment c’est le grand retour de la compétitivité. On n’est pas assez compétitifs. Suivez mon regard : toi, là-bas, le prolo, avec ton air soucieux, t’es pas compétitif. A défaut du pied au cul, qui, même la droite l’a compris, est contre-productif, on va te rendre compétitif en t’inventant une TVA sociale pour baisser d’autant les cotisations patronales.
Et c’est là que se situe la merveilleuse histoire de Carlos Gohsn. Carlos Gohsn est le pape de la compétitivité. Formé à la rude école de Michelin, il passe du pneu à la carrosserie et à Renault en 2005, après avoir présidé Nissan. C’est un « cost killer ». Il coupe, taille, économise, redresse, harcèle et lutte. He’s a winner, pas comme ces loosers de Guyancourt qui dépriment. D’ailleurs c’est au centre de recherches de Guyancourt qu’on se suicide et qu’on trahit Renault en fricotant avec les chinois.
Gohsn est-il nul, encore plus nul que Schweitzer, l’ex patron qui s’illustra brillamment à La Halde en torpillant une associations d’insertion ? L’année dernière, Gohsn fait 3.1 milliards d’euros de pertes malgré les primes à la casse et tous les subsides. Cette année il fait 3.3 milliards d’euros de profits ! waouh ! le mec ! ah, le cost-killer ! En fait, ces profits résultent d’une plus value exceptionnelle sur la vente de Volvo. (1) A part ça, Nissan fait des profits. Renault ? Rien. Oublié Renault. Sauf le succès de la Logan maquillée en Renault, totalement imprévu d’ailleurs, les ventes de Renault se sont effondrées. A Sandouville, Flins, Douai, on serre les fesses. Le cost-killer est tout simplement un adepte de l’entreprise sans usines, en tout cas sans usines en France.
Renault a une petite chance : la voiture électrique. Gohsn y croit. Non parce qu’il est écolo, mais parce que les Chinois semblent s’y intéresser. Le problème avec les Chinois, c’est qu’après avoir tout inventé, ils copient tout. Et c’est là qu’arrive l’affaire d’espionnage. Les chinois ont-il commandité le vol des secrets du véhicule électrique Renault ? Tintin et Milou enquêtent. Trois cadres suspectés sont virés. C’est le déontologue de Renault (ça ne s’invente pas... Gohsn a aussi un astrologue, un podologue, un compétitivologue et un rumeurologue) qui lui met la puce à l’oreille. Renault ne prévient pas le contre-espionnage, enquête dans son coins pendant cinq mois. Les trois sont-ils coupables ? Les Chinois, spécialistes, outre de la brouette, du billard chinois, ont-ils monté de toutes pièces cette accusation pour déstabiliser Renault ?
En attendant, Gohsn s’enfuit. Les ventes de modèles Renault ont plongé de 29% depuis son arrivée il y a cinq ans. Il raisonne à l’international, au grand dam des sites français. Et il a raison. Il est là pour le fric, pas pour donner de l’espoir à Billancourt. L’emploi (Gohsn est tout heureux d’annoncer 1200 CDI en France pour les années qui viennent est un produit joint pendant qu’il en supprime 3000 en Europe), un heureux bienfait collatéral, comme le chômage est un dégât collatéral. La compétitivité de la France, Gohsn s’en tape. Et il a encore raison. La compétitivité, c’est pas la France, l’Andorre ou le Bantoustan, c’est l’entreprise.
Et l’entreprise est nationale par hasard : si elle doit s’installer en Chine pour faire des profits elle le fera. « La Chine ou la mort » dit ce patron allemand. Même les allemands se moquent de l’Allemagne. N’empêche que l’on demande aux nationaux de participer au combat de ceux qui méprisent les nationaux. C’est comme lorsqu’on exige des pacifistes qu’ils fassent la guerre. Le seul moyen de leur mettre un fusil dans les mains est de les exiter : les salauds sont la-bas. Mais comme on dit le contraire (les Chinois sont formidables, les Allemands sont formidables, c’est pas comme vous, paresseux, preneurs de RTT, jouisseurs des 35 heures) la seule solution est la culpabilité : c’est vous qui foutez la France en l’air, pas Goshn qui se bat contre les espions. C’est toi le pleutre, pas Luchaire, marchand, ou Krupp qui te fournit les armes.
Barak Obama vient de choisir le patron de General Electric comme conseiller sur le chômage. C’est ainsi, camarades : ceux qui décident de votre vie sont aussi ceux qui n’en ont rien en faire, les marchands d’armes pour la vraie guerre, et de voitures ou autres objets pour son erzatz, tout aussi violent, la guerre économique.

(1) L’Usine Nouvelle, 16/10/2010

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