Journal intime d'un économiste en crise 13
Bernard Maris, 8 Juin 2009 22:19
Riss
Riss est un grand théoricien de la « monnaie fondante », la monnaie impropre à l’accumulation, destinée uniquement à la consommation, et prônée par Maynard Keynes à la fin de la « Théorie générale » - monnaie inventée entre autres par Sylvio Gesell, précision pour les amateurs. La monnaie fondante est le socle de la décroissance. A partir du moment où l’argent ne sert plus à la croissance de l’argent, l’économie devient beaucoup plus sobre, les rentiers disparaissent (ils n’existent que parce que « l’argent fait des petits ») et la consommation elle-même se sature assez vite. On entre dans le « post-capitalisme » rêvé par les verts, les écolos, les adeptes de la décroissance etc. Ah ! Et pourquoi Riss ? Parce qu’il me fait remarquer que la masse des salaires dévolue aux fonctionnaires ou la sécurité sociale, est une monnaie affectée, impropre à l’accumulation ; une monnaie de consommation (soins médicaux, éducation etc.). En fait c’est une monnaie pré affectée, un peu comme des bons d’achat. Bernard Friot (un économiste qui a une jolie théorie du salaire) dit la même chose. Riss m’étonnera toujours.
Paradis fiscaux
La France et le Luxembourg ont signé un accord permettant au fisc français d’avoir accès sans limitation aux dossiers bancaires suspects. Certes la transmission des dossiers n’est pas automatique, il faut un petit effort du fisc français, mais on est sur la bonne voie. Reste la Suisse, la Belgique et l’Autriche, Monaco, le Lichtenstein, la Grande Bretagne et son florilège d’Iles enchanteresses destinées aux escrocs, les Bahamas, les Iles Caïmans, bref, il reste tout. Mais bravo pour le Luxembourg.
Les Echos et l’Europe
Titre mélancolique sur cinq colonnes du journal économique : « La crise ne convainc pas les Européens d’aller voter » Bon Dieu ! Et pourquoi les convaincrait-elle, même si, selon la BCE la chute du PIB devrait être proche de 5% en 2009 ? Parce que pour lutter contre la crise il faudrait 1) une politique monétaire ; impossible. La BCE est « sanctuarisée », ne peut, statutairement recevoir d’ordre d’aucune institution politique (mais quel mépris pour le politique quand on y songe ! quel mépris ! quel conception dictatoriale de la vie publique !) 2) une politique budgétaire ; impossible aussi. Pas de budget européen. Le budget représente 1% du PIB de l’Europe, dévolu pour moitié aux utilisateurs de pesticides, fabricants de lisier et autres tortionnaires d’animaux. 3) Une politique fiscale ; impossible aussi. La politique fiscale, le cœur de la démocratie, est sanctuarisée dans chaque pays (sauf pour la TVA). L’Irlande vient d’accepter de ratifier le Traité de Lisbonne en le vidant de son contenu, qui était notamment une politique fiscale supranationale. 4) Une politique sociale ; impossible. La directive 1993 « Aménagement du temps de travail » est destinée à faire passer les contrats de droit privé au dessus du droit du travail. L’Europe n’est que la libre circulation des marchandises, du capital, et du travail choisissant librement son travail pour se faire exploiter. Alors, comment croire que l’Europe peut lutter contre la crise ?
Taxer la fraude
La fraude représente 250 milliards d’euros en Europe. Idée lumineuse du gouvernement français - ce gouvernement qui avait eu l’autre idée lumineuse du bouclier fiscal pour faire revenir les capitaux expatriés (pas un centime n’est rentré, à commencer par le fric de Johnny Hallyday ) – taxer la fraude... Taxer la fraude ! Attends, camarade : la fraude existe parce que la taxe est trop forte, donc on va taxer la fraude ; en plus la fraude est ce qui échappe à la taxe par définition, non ? Woerth et ses sbires m’étonneront toujours.
Philippe Varin
Le nouveau président de PSA recevra un salaire supérieur à celui de Christian Streiff : 130 millions d’euros par an. Pour quoi est payé Mister Varin ? Pour fabriquer des émetteurs de CO2, de particules diesel, qui roulent sur du goudron qui conchie l’espace, empoisonnent l’air des villes, polluent de leur bruit en continue les journées des citoyens, gâchent en permanence l’espace publicitaire de leur « vélocité » « confort » et autres calembredaines, fabriquent cinq mille morts par an ... Ca fait cher la fabrication de malheurs et nuisances !
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