mercoledì 17 marzo 2010

Rien de neuf depuis Marx

Rien de neuf depuis Marx

Par Bernard Maris, 14 Mars 2010 19:41

Journal intime 927

Si un jour vous voulez comprendre l’économie, contentez-vous du « Capital », en buvant un Morgon de Marcel ou un Callcut d’Eric.

« Marx, ô Marxx !!! »

Ca y est ! J’ai fini. Riss a le manuscrit. Ca ne s’appellera pas « Das Kapital, suite et fin » (j’aimais bien ce titre pourtant), mais « Marx, ô Marx pourquoi m’as-tu abandonné » (le cri que pousse le Christ sur la croix à la neuvième heure, juste avant d’expirer et qu’on lui présente au bout d’une pique une éponge humide d’eau vinaigrée pour apaiser sa soif). Ce que j’ai pu ramer pour écrire ce bouquin... Riss, tu m’en as fait baver !! Mais j’ai découvert un Marx totalement inconnu de ma pauvre pomme, simplement éblouie jusqu’alors par la théorie de la plus-value (la grande grande théorie économique je pense) et les brillants enchaînements du Kapital. J’ai découvert un chrétien athée, voila le mot, un utopiste inouï, amoureux des hommes et de la démocratie, totalement à coté de ses pompes, un saint-curé extatique malgré toute sa méchante prose contre Sirner ; un frère aimant prétendant substituer l’amour d’autrui à l’argent – lequel s’était substitué au Christ – et rêvant d’un monde où l’homme devient un dieu pour l’homme, homo hominis deus. Incroyable. Ainsi le communisme est la quatrième étape de l’humanité : la première la jungle et les hordes primitives, la seconde les corporations et le Christ, la troisième l’argent universel, ubiquitaire et éternel se substituant au Christ et la quatrième l’homme « passionné, fraternel, et qui jouit du plaisir d’autrui » (authentique), dans une société fusionnelle ou tout le monde est Picasso et tout le monde est plombier. Une société ou l’homme n’est qu’une cellule de la grande collectivité jouissante, grand animal où l’homme est réconcilié avec la nature, le pauvre avec le riche, la femme avec le mâle, le travail intellectuel avec le travail manuel, la ville avec la campagne, où la mort même est vaincue, quand l’espèce n’a que faire que la disparition d’un Picasso parmi des millions.


Badiou et Zizek


Dans « L’idée du communisme » (1) Zizek utilise la merveilleuse nouvelle de Kafka, « Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris », la dernière qu’il écrit alors qu’il se sait mourant, comme métaphore de la société communiste. De chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins, plombier le matin dramaturge le soir, je jouis de l’objet dont tu es propriétaire parce qu’il est aussi ma propriété et parce que ton plaisir accroît le mien, tous ces aphorismes deviennent lumineux avec la nouvelle de Kafka. Reste que 162 ans après le Manifeste du Parti communiste, les prédictions de Marx se révèlent totalement fausses, complètement controuvées par l’évidente réalité sociale. Les forces productives ont cru comme jamais, et la Révolution s’est éloignée comme jamais. La conscience de classe, la joie et le foulard rouge des communards a laissé la place au cynisme désabusé de classes mi-pauvres mi-moyennes mi-rien du tout, qui contemplent leur propre avachissement dans des canapés achetés à Ikéa en pianotant sur leur I-Pod ou en zappant sur les émissions de Hulot ou d’Arthus Bertrand. Jamais l’exploitation n’a conduit à la révolte, toujours elle a conduit à de l’asservissement. 68 fut une révolte et un moment de franche gaîté, parce que précisément les jeunes étudiants n’étaient ni contraints à se révolter ni dans le besoin.


L’histoire n’a pas de sens


Marx relu reste le plus grand des économistes. Vraiment il avait tout compris, sur la crise, la baisse tendancielle du taux de profit, la concentration de la production, les délocalisation, le crédit, l’argent, l’aliénation, le langage des objets qui se substitue au langage humain, les rapports des économistes et des hommes politiques avec la bourgeoisie, la crise financière, tout. Et rien compris au sens de l’Histoire. Il écrit quelque part : « Le communisme est l’énigme de l’histoire résolue. » Faux, hélas, faux. Jamais l’explosion des forces productives n’ont autant éloigné les hommes de la fraternité. Car finalement, le communisme c’est la fraternité qui étouffe la pulsion de mort enfouie en l’homme, pulsion que Marx – grâce à Stirner – découvre avant le père Freud. Marx, vieux salaud, tu m’as laissé en plan !!
« La séduction communiste provient de ce qu’elle contient une promesse de salut, mais par la découverte rationnelle (et non la révélation) et uniquement rationnelle d’un mécanisme immanent dans les choses que la doctrine met simultanément en lumière et en œuvre. En cela le communisme est du type des gnoses dont l’Eglise avait une très ancienne expérience... Le communisme n’est pas faux parce qu’il est athée, il est athée parce qu’il est faux. » Pas mal hein ? Qui a écrit ces lignes ? Je continue : « Allons plus loin, et avouons que l’athéisme est ce que le léninisme a de meilleur. » Le communisme prétendait intégrer la science et la philosophie dans l’explication du sens de l’histoire : il lui manquait la religion.


Livres


Pourquoi au XIX° l’Europe et pas la Chine, hé ? Et pourquoi la Chine aujourd’hui et pas l’Europe, hé ? Depuis « Richesse et pauvreté des nations » de David Landes, la question hante les historiens et particulièrement les historiens américains qui sentent bien que leur Amérique, dans vingt ans, c’est fini. L’avenir est à la Chine, camarades, au capitalisme despotique à saveur de viande canine. Vient de sortir « Une grande divergence. La Chine, l’Europe et la construction mondiale. » de Kenneth Pomeranz, chez Albin Michel. Du lourd, du très lourd, mais du bon. Que n’avons-nous un Marx pour nous expliquer tout ça ! Je suis en panne de romans. Pitié ! Un bon roman ! Toujours dans ma fascination de 14-18, je viens de lire « La Comédie de Charleroi » de Drieu. Gé-nial. Quant à Christian (Authier), il vient d’écrire « Callcut. Boire pour se souvenir. » Editions du Sandre (57 rue du dr. Blanche, Paris 16°) 1 euro. Pour un euro vous avez quelque chose d’aussi bon que du vin d’Eric Callcut.

1) Editions Lignes

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