mercoledì 13 maggio 2009

Journal intime 10

Journal intime 10

Bernard Maris, Samedi 9 Mai 2009 15:03


Anne-Sophie
Après la conf’ de Charlie du Jeudi, je dis à Anne-Sophie Mercier que je rame sur mon roman. « Normal... Quand on n’a pas de talent... » Salope, mais salope ! Heureusement Luce Lapin me console sur mon édito animalophile qui, je cite, « a plu à toutes les cochonnes de la terre ».


La vie des grands fauves
Ne jamais rencontrer un homme politique, on peut finir par le trouver sympa. Un homme d’affaires c’est différent. Un marchand n’est jamais ni sympathique, ni antiphathique. « L’argent est ce qui permet de ne pas regarder les hommes dans les yeux. » Une phrase de Simmel dont je ne me lasserai jamais. Que vaut-il mieux ? Ne pas regarder les hommes dans les yeux, être dans un rapport d’échange purement matériel, ou risquer un rapport de séduction, de vassalité, d’amour peut-être ? Godard (oui, Jean-Luc, le grand, l’immense) reprend cette phrase dans son futur film « Socialisme », dont je parlerai bientôt. C’est pourquoi « La vie des grands fauves » me laissait tant de liberté : les gens dont je parlais m’étaient complètement indifférents. Après des centaines de « fauves », un seul m’a fait des difficultés – encore, bien faibles, il souffrait car ses enfants étaient des lecteurs de Charlie ! – René Ricol, le médiateur qui s’efforce en ce moment de réamorcer la pompe à crédit. Je l’ai vu. J’ai eu tort : je ne l’ai pas trouvé antipathique, dans ses centaines de mètres carrés du coté de l’Etoile. « La vie des grand fauves » avait le mérite de faire connaître les vrais détenteurs du pouvoir. Et alors ? Rien, je regrette un peu les « fauves ».

Benêt-Govoy
C’est ainsi que des années Charlie a qualifié ce pauvre Bérégovoy, l’ouvrier ajusteur-fraiseur, ou tourneur-limeur, je sais plus, qui du syndicalisme à la politique était parvenu, ébloui de lui-même, à Matignon. Un autre avait suivi la même carrière, Delors, le père de Martine, dix ans président de la Commission Européenne, inventeur du marché unique des capitaux et des marchandises, catho libéral-social, fou de jazz, de vélo, et lecteur de Mounier. De l’Equipe aussi. Mais détestait la politique. « En politique, il faut manger de la merde », disait-il. Benêt-Govoy en a bouffé des tonnes. Etait-ce un « homme d’honneur », comme le présente un récent téléfilm ? Sais pas. Oui. S’est suicidé, donc un homme d’honneur. Avait trempouillé dans l’affaire Pelat, s’était laissé inviter par Traboulsi à la Scala, tandis que son dir cab, Boublil, faisait des croisières sur son yacht. Avait été piégé par l’affaire du Lyonnais. Avait été l’homme du franc fort, du refus de la dévaluation (toutes ces conneries qui ont coûté un million de chômeurs supplémentaires à la France pendant 20 ans), l’inventeur des marchés boursiers spéculatifs, voulait faire de Paris une place financière comparable à Londres, bref, s’était fait rouler par la haute finance et n’avait rien compris au match. Avait pris Tapie dans son gouvernement. Peu avant la raclée historique des socialistes aux législatives, avait cru que Mitterrand crèverait plus vite que prévu et pensait être le « recours » pour la présidentielle. Avait eu la riche idée de demander conseil en communication à Pilhan, le gourou de Mitterrand (avant de devenir celui de Chirac), et Pilhan, pouffant de rire, l’avait répété à Tonton, lequel n’avait pas apprécié. Après le suicide du Benêt, Tonton s’était soudain rappelé que les « chiens » (les journalistes) avaient acculé son Premier ministre qu’il refusait obstinément de prendre au téléphone, au désespoir. Il parait que Bérégovoy ne se remettait pas de ne jamais avoir été invité à Latché. Béré ! Béré ! C’est Bousquet qui allait à Latché, Bousquet le mec de la rafle du Vel d’Hiv’ !

Let’s make money
A Caen, je fais une conf’ sur le film « Let’s make money ». Les élèves d’un lycée ont préparé avec leur prof d’éco une trentaine de questions. Heureusement que les profs du secondaire sauvent l’enseignement de l’économie, tué par l’Université. Que dire à des jeunes gens qui héritent d’une planète saccagée, d’une finance reine, d’une morale où l’on glorifie les Nivelle, les Gamelin, les Pétain, les généraux d’affaires qui envoient au casse-pipe les pauvres, sur lesquels on crache après avoir marché sur leur cadavre ? Plus tu gagnes vite du fric, plus tu es estimable, peu importe comment tu fais ton affaire. Kerviel, l’horreur économique, le type payé pour spéculer, ou Albert Fert, prix nobel de physique, ancien élève du cher Lycée Pierre de Fermat ? J’essaie de dire aux élèves que l’homme du futur est le chercheur, et celui du passé le spéculateur. M’écoutent. Ne répondent pas.

Trichet
Autre « fauve » pas mal dans son genre. Inspecteur des finances. Blanchi dans l’affaire du Crédit Lyonnais. Découvre soudain que la crise est là. Camarades, nous sommes en pleine déflation ! Il abaisse le taux d’intérêt sur l’euro à 1%. L’inspection des finances, a servi la soupe aux nazis pendant l’occupation en payant l’armée d’occupation rubis sur l’ongle – des fonctionnaires, pouvaient pas faire autrement... Un seul partit, un seul, Couve de Murville, qui s’enfuit à Alger après Stalingrad. Stéphane Richard, brillant fonctionnaire de l’IF, dir cab’ de Lagarde, part pour diriger France Télécom. Félicitations, vive la République, et bonnes affaires !

René
René de Obaldia. Dramaturge et poète, et quel dramaturge, et quel poète ! Si vous voulez passer une soirée délicieuse, avec l’homme le plus délicieux de la terre pour qui on accepte la survie de l’espèce humaine , allez au Petit Hébertot écouter René (100 places, pas plus, René signe ses livres à la sortie, vous pouvez les acheter tous, ils sont tous extraordinaires). 90 balais, l’œil vif, tient tête à n’importe qui sur le verre de champagne. Lectures de ses poèmes. Commentaires d’extraits de ses pièces. Délicatissime. Jusqu’au 15 mai.

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